Accueil A la une BCT – Evolutions économiques et monétaires et perspectives de l’inflation : Malgré une détente graduelle, l’inflation demeure élevée à court et à moyen termes

BCT – Evolutions économiques et monétaires et perspectives de l’inflation : Malgré une détente graduelle, l’inflation demeure élevée à court et à moyen termes

 

La Banque centrale de Tunisie vient de publier une note sur les évolutions économiques et monétaires et les perspectives de l’inflation. Cette note parle d’un renforcement graduel de la croissance du PIB, d’une stabilité du taux d’inflation à 7,2%, d’une réduction du déficit courant à 1.581 MD à la fin du mois de mai 2024, d’une légère atténuation du rythme de progression des crédits à l’économie…

Le redressement graduel de la croissance du PIB, aux prix constants de 2015, s’est poursuivi au premier trimestre 2024, pour avoisiner les 0,2% (en glissement annuel) après une stagnation un trimestre auparavant. Le rythme lent de la croissance économique traduit l’effet des évolutions contrastées de l’activité dans les principaux secteurs. Le renforcement des services et de l’agriculture a soutenu la croissance économique au 1er trimestre 2024, tandis que la forte contraction de la production industrielle a réduit le taux de croissance du PIB de 1,2 point de pourcentage au premier trimestre de cette année et de 0,5% le trimestre précédent, c’est ce qui ressort de la dernière note sur les évolutions économiques et monétaires et les perspectives de l’inflation, publiée récemment par la Banque centrale de Tunisie.

Agriculture, une contribution positive à la croissance du PIB

Ce travail explique que la chute historique de la production agricole en 2023 (-10,7% après une hausse de 1% en 2022) a cédé la place à un redressement graduel de la production au début de l’année 2024. La valeur ajoutée du secteur agricole, de la sylviculture et de la pêche a augmenté de 1,6% (en G.A.) au 1er trimestre 2024 après une baisse de -9,9% le trimestre précédent.

Elle a dégagé une contribution positive à la croissance du PIB, de +0,14 point de pourcentage, et une hausse de l’emploi agricole de 24% (en G.A.), soit +104.000 postes d’emploi de plus.

«La reprise de la production agricole s’annonce faible, sous l’effet de la persistance du stress hydrique, ayant induit une forte régression des capacités de production, notamment de la filiale de l’élevage », lit-on sur la note.

L’activité dans le secteur des services a progressé de 1,9% (en G.A.) au 1er trimestre 2024, après une hausse de 1,5% le trimestre précédent et contre 3,2% un an auparavant. Cette trajectoire de croissance lente trouve son origine dans les évolutions divergentes des principales activités de services.

En effet, les valeurs ajoutées des services financiers, de santé, de télécommunication et d’autres activités des ménages se sont maintenues à la hausse, au premier trimestre de cette année, contribuant positivement à la croissance économique.

L’hébergement et la restauration se remettent

Le secteur de l’hébergement et de la restauration continue de se remettre, très lentement, des effets des chocs successifs (crise sanitaire, envolée des prix des produits alimentaires de base, perturbation de l’approvisionnement…). Ainsi, l’activité du secteur s’est établie, au 1er trimestre 2024, à -20% de son niveau d’avant la pandémie, soit le plus faible niveau réalisé à l’échelle sectorielle.

Toujours d’après l’analyse sectorielle de la BCT, le secteur industriel, et en dépit de la faible performance du secteur automobile dans la Zone Euro, principal partenaire commercial, l’activité dans le secteur des industries mécanique et électrique (IME) a gardé son dynamisme. Même si un léger ralentissement a été remarqué au premier trimestre 2024, les exportations ont continué leur évolution à des niveaux élevés.

La dégradation de l’activité au niveau des industries non manufacturières s’est accentuée au 1er trimestre 2024, portant la marque de la forte régression de la valeur ajoutée du secteur de l’extraction de pétrole et du gaz naturel de -17,1% (en G.A.) contre une baisse de -4,8% un trimestre auparavant.

Au niveau de la demande intérieure, cette dernière s’est légèrement redressée, en augmentant de 0,4% (en G.A.) au 1er trimestre 2024. Une amélioration due au renforcement de la demande de consommation, qui a été soutenue par la hausse des salaires. «C’est que la hausse des salaires dans les secteurs privé et public, conjuguée à la faiblesse des capacités de production, aurait favorisé la poursuite du déséquilibre entre la demande et l’offre dans l’économie, maintenant ainsi les pressions sur la formation des prix», a mentionné la note de la BCT.

Amélioration du solde de la balance des services

Les échanges avec l’extérieur ont induit une nette amélioration de la situation de la balance courante en 2023, comparativement aux années précédentes, et ce, en raison de l’apaisement des tensions provenant de la balance commerciale et de l’amélioration du solde de la balance des services. La transmission du durcissement de la politique monétaire, depuis 2022, a favorisé le ralentissement des nouveaux crédits et des importations, et la diminution progressive des pressions sur la balance des paiements.

Durant les cinq premiers mois de l’année 2024, les échanges avec l’extérieur ont été dynamiques, marqués par une hausse des recettes d’exportation de 3,3% (en G.A.) à 26,7 milliards de dinars. Quant aux importations, elles ont baissé de -2,5% (en G.A.), pour s’établir à 33,2 milliards de dinars à fin mai 2024. Le déficit commercial s’est, ainsi, réduit à 6.413 MDT, contre un déficit de 8.101 MDT un an auparavant.

Pour ce qui est de la balance des services, le rétablissement progressif de l’activité touristique a favorisé le maintien des flux des recettes touristiques sur une tendance haussière. Sur l’ensemble des cinq premiers mois 2024, les recettes touristiques ont totalisé 2.144 MD contre 1.987 MDT à fin mai 2023, dépassant leur niveau de l’avant-pandémie.

Hausse des crédits professionnels

Près de 70% des actifs du secteur bancaire indiquent une transmission rapide et assez importante (mais incomplète) des hausses passées du taux directeur aux taux d’intérêt appliqués sur les nouveaux contrats de crédit.  Les banques qui ont pris part à l’enquête montrent qu’elles ont connu des hausses généralisées, dont les plus fortes ont marqué les crédits aux professionnels, contre des hausses modérées des taux d’intérêt des crédits aux particuliers, particulièrement les crédits-logement (dont une grande partie est accordée à des taux bonifiés).

Comparativement au cycle de resserrement de 2017-2019, la transmission des relèvements du taux directeur (2022-2024) a été plus faible durant le dernier cycle de resserrement monétaire. En termes de valeur, les flux des nouveaux crédits, accordés par les banques recensées, durant les quatre premiers mois de 2024, tendent à baisser graduellement, pour les particuliers et à se stabiliser pour les professionnels.

La note de la Banque centrale parle, par ailleurs, d’une poursuite, en 2024, de la détente graduelle de l’inflation amorcée au mois de mars 2023. Le taux d’inflation s’est établi à 7,2% en avril et mai 2024, contre 9,6% en mai 2023. En termes de moyennes, le taux d’inflation s’est réduit à 7,4%, durant les cinq premiers mois de 2024, contre 10,1% un an auparavant.

Politique monétaire et perspectives de l’inflation

Pour ce qui est des besoins des banques en liquidité, ils ont légèrement diminué au mois de mai 2024, pour s’établir, en moyenne, à 14.116 MD, contre 14.976 MD en avril et 15.836 MD en mai 2023. Cette baisse est la résultante de l’effet expansif exercé par le retour du cash aux guichets des banques. Les besoins des banques en liquidité ont été comblés principalement par les interventions de la BCT sur le marché monétaire, et ce, à hauteur de 14.135 MD contre 15.006 MD en avril 2024. Le taux directeur a été maintenu inchangé à 8%, en raison des perspectives d’inflation encore élevées.

D’après la lecture de la BCT, le rythme de décélération de l’inflation serait lent à cause, notamment, des hausses des coûts salariaux et de la présence des pressions provenant de la demande sur les capacités de production, dans plusieurs secteurs d’activité, à l’instar du secteur agricole.

Malgré une détente graduelle, l’inflation demeurera élevée à court et à moyen termes. La trajectoire désinflationniste serait soutenue, à court terme, par la transmission des effets des baisses antérieures des prix internationaux des matières premières et des produits de base.

Selon le nouveau scénario central, l’inflation devrait s’atténuer graduellement, pour passer en dessous de la barre de 7% (en G.A.) durant le deuxième semestre 2024. En moyennes annuelles, l’inflation devrait revenir de 9,3% en 2023 à 7% en 2024, puis à 6% en 2025.

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